Le dispositif artistique imaginé par Stéphane Thidet fait dorénavant partie, aux côtés d’IR-COASTER et de plusieurs expériences scientifiques, du projet spatial EMA (Euro Material Ageing), porté par l’agence spatiale européenne, qui étudie le vieillissement de la matière au-delà de l’atmosphère terrestre. À ce titre, il suivra le même processus de développement, en lien avec l’ensemble des acteurs scientifiques et industriels impliqués dans ce projet spatial. La première étape consiste à déterminer l’architecture définitive de ce dispositif.

 

Pour ce faire, la lutherie des instruments conçus par Stéphane Thidet associera création artistique et recherche spatiale. Ces derniers cohabiteront avec l’expérience IR-COASTER et partageront les données scientifiques récoltées tout au long du voyage orbital, pour générer une partition musicale qui traduirait les variations du milieu spatial. Le dispositif scientifique viendra également nourrir le dispositif artistique, avec un microphone qui enregistrera les vibrations produites par IR-COASTER, afin d’enrichir la partition musicale avec des événements musicaux spontanés. Après leur retour sur Terre, ces deux dispositifs restitueront leur expérience de vol commune de deux manières différentes : via un ensemble d’interprétations artistiques pour l’œuvre de Stéphane Thidet, et via l’analyse scientifique des équipes du laboratoire LISA pour IR-COASTER.

 

Au fil des échanges avec l’équipe du laboratoire LISA, le concept des lames piézoélectriques est abandonné, au profit de ressorts à mémoire de forme, plus simples à fabriquer et permettant une plus grande diversité de variations. Par conséquent, l’« harmonica » est renommé « orgue ». Celui-ci sera composé de 6 ressorts disposés dans des glissières : chaque glissière comprendra deux ressorts (un ressort à mémoire de forme et un contre-ressort mécanique).

Réunion de présentation de l'Orgue

Dessin préparatoire de « l’orgue», 2020 ©Stéphane Thidet

 À la suite de cette décision, le cahier des charges pour la fabrication se précise. Comme l’ensemble des objets embarqués sur la station spatiale internationale (ISS), l’orgue ne devra comporter ni arrête ni angle droit, mais uniquement des formes arrondies et organiques, pour limiter les risques de blessure ou de casse. Par ailleurs, la partie de l’instrument qui sera exposée au rayonnement solaire devra être métallique, pour éviter un dégazage qui pourrait fausser les résultats des expériences scientifiques voisines. En travaillant à partir de ces contraintes, Stéphane Thidet réalise une première maquette de l’orgue, à partir d’une planche de bois et de billes recouvertes de feuilles d’or.

Fabrication orgue v1
Fabrication orgue v1

Fabrication de la première maquette de l’orgue dans l’atelier de Stéphane Thidet, 2020. ©Stéphane Thidet

Orgue v1

Orgue, v1 (30 cm x 15 cm x 3 cm), 2020. ©Stéphane Thidet

Le principe de ce design est validé par le laboratoire LISA, à l’exception de la couleur du revêtement, qui devra être mate et foncée, afin d’empêcher tout effet réfléchissant et d’absorber un maximum de chaleur pour faire bouger les ressorts. De ce fait, Stéphane Thidet réalise une deuxième maquette avec un nouveau revêtement plus adapté.

Orgue v2

Orgue, deuxième version, 2020. ©Stéphane Thidet

En vue d’entamer la fabrication d’un prototype et de réaliser une première série d’essais pour valider le fonctionnement de cet instrument, l’architecture de l’orgue devra être validée par le CNES et l’agence spatiale européenne lors d’une revue préliminaire, qui examineront la compatibilité de l’instrument avec les contraintes de sécurité de l’ISS.