Pour réaliser OSCAR, Stéphane Thidet collabore avec l’équipe scientifique du LISA (Laboratoire Interuniversitaire des Systèmes Atmosphériques) qui réalise l’expérience IR-COASTER. Responsable scientifique de cette expérience, l’astrochimiste Hervé Cottin mène des recherches sur l’origine et l’évolution de la matière organique cométaire. Chef de projet technique du LISA, Noël Grand occupe une place essentielle dans la réalisation de l’œuvre musicale imaginée par Stéphane Thidet en prenant en charge la construction d’IR-COASTER et d’OSCAR.
Il a notamment défini à l’artiste les conditions spatiales auxquelles sera confrontée son œuvre : « La première caractéristique de ce milieu est l’alternance diurne-nocturne du cycle orbital de la station. Ce cycle est cependant particulièrement répétitif et déterministe, les changements sont très connus et très récurrents. » De cette description a germé chez l’artiste l’idée d’une œuvre musicale qui s’écrirait en suivant le cours de ces changements et en s’emparant des multiples variations qui viennent malgré tout troubler cette redondance. Stéphane Thidet a su s’emparer de chaque petite perturbation, des ombres générées par les Shuttles qui viennent s’amarrer à la Station spatiale internationale aux infimes fluctuations de son orbite, pour enrichir la partition. Si, pour le scientifique, une expérience artistique conduit à une multiplication des risques, elle constitue aussi une redécouverte du milieu qu’il étudie. Noël Grand rencontre finalement une créativité proche de la sienne qui parvient à s’emparer des « contraintes les plus dures ».
Dans le domaine spatial, la connaissance de ces contraintes et leur respect garantissent la réussite de l’expérience. Noël Grand a ainsi joué un rôle d’intermédiaire « pour répondre à la fois aux ambitions artistiques de Stéphane Thidet et aux contraintes de sécurité d’une expérience spatiale » que son intérêt personnel pour une dimension poétique et artistique de l’acte scientifique a facilité. La possibilité de changer, par exemple, la couleur d’un matériau pour donner une valeur esthétique à un objet lui semble tout aussi nécessaire que le développement technique de l’objet, tant que cet attribut ne met pas en danger l’expérience. Les matériaux dont est constitué le dispositif musical d’OSCAR sont d’ailleurs issus du domaine spatial. Les ressorts à mémoire de forme utilisés dans les CubeSat (petits satellites d’une vingtaine de centimètres de côté notamment construits par le Campus Spatial Universitaire de l’UPEC auquel est rattaché le LISA) ont été détournés par Stéphane Thidet pour fabriquer une sorte de table de mixage : « en se contractant ou en se dilatant, les ressorts font bouger des curseurs dont les mouvements sont enregistrés par des résistances linéaires pour être transformés en son ». En portant une attention particulière à ce qui n’a pas d’intérêt direct pour l’expérience scientifique ou en suggérant de nouvelles utilisations, Noël Grand attend de l’intervention artistique qu’elle introduise de l’inattendu et génère des questionnements « qui ne se seraient pas posés autrement. »
« Pourquoi ajouter un projet plastique à une expérience scientifique ? » est une des questions régulièrement posées. OSCAR se développe en symbiose avec le milieu spatial et l’expérience du LISA puisque le « partitionneur » imaginé par Stéphane Thidet est une sorte de compositeur numérique qui récupère toutes les informations de l’instrument IR-COASTER (mouvements du moteur, mouvements du courant et changement de température). La partition musicale une fois jouée sur Terre restituera les variations du milieu spatial ainsi que la « vie orbitale de l’équipement lui-même ».